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jean-paul brighelli - Page 13

  • Comment les pédagogistes ont tué l'école...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur le site du Point et consacré à l'action criminelle des pédagogistes au sein de l’Éducation nationale.

    Professeur en classes préparatoires et défenseur de l'élitisme républicain, Jean-Paul Brighelli a publié dernièrement dernièrement Tableau noir (Hugo et Cie, 2014), un nouvel essai sur l’école.

     

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    Comment les pédagogistes ont tué l'école

    Républicains contre pédagos (pour "pédagogistes") : cet affrontement entre les tenants d'une tradition scolaire héritée de Jules Ferry et les jusqu'au-boutistes de l'expérimentation pédagogique a commencé il y a une trentaine d'années, lorsque les premiers, qui comptaient sur Jean-Pierre Chevènement pour faire avancer leurs idées, ont été supplantés par les seconds, arrivés dans les fourgons de Lionel Jospin. Dans le Figaro du 25 novembre, un sociologue québécois réputé, Mathieu Bock-Côté, analyse avec une grande finesse les enjeux de cette guerre - dont, disons-le tout de suite, la conclusion est d'ores et déjà connue : l'école républicaine, qui mettait le savoir au coeur du système, est morte, vive l'école de la pédadémagogie, qui met "l'élève au centre" et cherche son bonheur immédiat, au détriment de sa formation, de sa culture et de sa réussite future.

    Le pédagogue Ponce Pilate

    Par parenthèse, que ce soit dans le Figaro que cet excellent article paraisse ou que j'écrive dans les colonnes du Point.fr n'est pas tout à fait indifférent : en face, les pédagogistes ont le Monde, l'Obs et Libération. Cet affrontement entre deux conceptions violemment antagonistes de l'école est aussi une rivalité de presse, sous-tendue en partie par une opposition droite/gauche. Même si le noyau dur des républicains est constitué de chevènementistes, voire d'anciens gauchistes. Paradoxe, c'est le Front national qui aujourd'hui reprend sans vergogne, avec un opportunisme impeccable, les thèses des républicains (sans que cela implique en quoi que ce soit que lesdits républicains adhèrent aux thèses du Front national), et le PS se coule dans les propositions des pédagos. Par exemple, comme le souligne Bock-Côté, la récente décision de remplacer les notes par des pustules vertes, ou de renoncer définitivement au redoublement tout en imposant l'évaluation par compétences et non par performances, est une victoire majeure du clan pédago, qui proclame que c'en est fini de l'évaluation-sanction : désormais, tout le monde s'aime, et tout le monde réussira. Encore un effort, et l'élève s'autoévaluera, ce qui, soyons-en sûrs, lui évitera tout traumatisme. On est tellement mieux dans le coton. 80 % d'une génération au bac - on y est. Et puis après... Après, c'est l'écrasement contre le mur du supérieur - mais là aussi, on arrondit les angles, on n'a que 50 % de pertes en première année. Après, c'est l'éclatement contre le mur de l'embauche. Évidemment, Ponce-Pilate-pédago s'en lave les mains, il n'est plus concerné.

    La mise à mort de la culture

    Pour que des non-enseignants comprennent bien les enjeux de cette lutte, il faut énoncer les choses clairement. Le remplacement de la transmission de connaissances par l'évaluation de compétences revient à mettre à mort la culture classique - à commencer par la maîtrise de la langue. À qui s'étonnerait que les enfants et les adolescents maîtrisent désormais de façon fort aléatoire les codes du français, à commencer par l'orthographe, si discriminatoire, les pédagos rétorqueront qu'il ne faut pas s'arcbouter sur des codes bourgeois désormais dépassés. Et que s'accrocher à l'apprentissage de la lecture par des méthodes alpha-syllabiques (le B.-A. BA), c'est vouloir perpétuer une école à deux vitesses, où les enfants de classes dominantes voyaient confirmés à l'école les codes appris à la maison, pendant que les enfants du peuple ramaient pour les rejoindre. Désormais tous nuls, les voici à égalité. Apprendre à lire de façon méthodique, c'est l'horreur pédagogique, affirme, encore récemment, la grande prêtresse des pédagos, Évelyne Charmeux. Dans le même élan, les chronobiologistes et les didacticiens, deux tribus constituant des sous-groupes de la nouvelle élite autoproclamée, affirment que l'enfant ne doit pas commencer en même temps toutes les opérations de base, mais n'en venir à la multiplication que bien après - quant à la division, la voici désormais reléguée en CM1. Que les mathématiciens déplorent la dyscalculie qui en résulte pendant que les profs de français pleurent sur la dysorthographie n'émeut guère nos révolutionnaires. Philippe Meirieu, gourou en chef, ne proclamait-il pas jadis qu'il fallait apprendre à lire sur les modes d'emploi des appareils ménagers ? Voir ce qu'en pense Jean-Paul Riocreux, qui en tant qu'ancien inspecteur d'académie, a vu de près les dégâts de cette idéologie qui se fait passer pour "naturelle". Autre grand ancêtre de ces déconstructeurs, Pierre Bourdieu, qui n'a pas hésité à affirmer que dans la transmission de la culture, le problème, c'est la culture. Éliminons-la : l'enfant ne s'en portera que mieux. Il y a du rousseauisme dégénéré dans ces conceptions mortifères.

     

    Les plus fragiles sacrifiés

    La distinction droite/gauche est d'autant moins pertinente que les grands nuisibles mis au pouvoir sous Jospin sont demeurés en place sous la droite - et se sont même renforcés, tant les ministres de Chirac et de Sarkozy, à la louable exception de Xavier Darcos, étaient ignorants des rouages de la rue de Grenelle. Robien, par exemple, voulut promouvoir la méthode syllabique : ses services, infiltrés à tous les étages, à commencer par les corps d'inspection, par les réformateurs pédagos, en sortirent une circulaire sur la liberté pédagogique des enseignants. Et les plus jeunes, les plus tendres, formatés dans les IUFM (et désormais dans les ESPE) institués tout exprès pour promouvoir les théories des gourous, continuèrent à utiliser des méthodes létales, sous la houlette (ou la cravache) d'inspecteurs primaires particulièrement motivés. Comprenons-nous bien : ce qui se joue depuis trente ans, c'est la mort programmée de l'école - ça, c'est quasiment acquis - et, en sous-main, la mort décidée de la France - ou tout au moins son déclin. Parce que le pédagogisme ne s'arrête pas aux méthodes de lecture. Le pédagogisme, c'est le collège unique, la "séquence pédagogique" qui a remplacé le cours et qui saucissonne la transmission, c'est aussi une façon de "comprendre" les filles qui arrivent voilées, la libre expression de tous les extrémismes, et la fin des inégalités insupportables nées de cette "constante macabre" qui suppose qu'il y a - quelle honte - des bons élèves à côté d'élèves en difficulté : inventer un ministère de la Réussite scolaire participe de cette idéologie mortifère à force d'être lénifiante. À terme, ces destructeurs de l'École publique qui se veulent de gauche entraînent le glissement des élèves et des parents vers une école de plus en plus privée. Le succès des structures indépendantes ne s'explique pas autrement. À terme également, ce sont les plus fragiles qui paient le prix de ces illusions : les élèves de ZEP, par exemple, pour lesquels on feint de faire des efforts, mais qui sont de moins en moins incités à aller au bout de leurs capacités - ce à quoi devrait se limiter l'école, et ce serait déjà une grande idée républicaine et humaniste.

    Jean-Paul Brighelli (Le Point, 28 novembre 2014)

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  • Les snipers de la semaine... (92)

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    Au sommaire cette semaine

    - sur Bonnet d'âne, Jean-Paul Brighelli exécute proprement Fleur Pellerin, le ministre de la culture qui ne trouve pas le temps de lire...

    « Fleur » de culture

     

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    - sur Marianne, Jack Dion allume Pierre Moscovici et le gouvernement à la suite de leur petite manœuvre médiocre visant à éviter une élection

    Le scandale Moscovici ou la magouille pour les nuls

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  • Les snipers de la semaine... (91)

     

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Causeur, Jean-Paul Brighelli dézingue les feministes qui sodomisent "les diptères et les lexicographes avec un olisbos législatif" !...

    Du bon usage du français et de la Française

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    - sur RussEurope, Jacques Sapir flingue François Hollande, l'homme qui abîme la France...

    Hollande et les occasions perdues

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    - sur La voie de l'épée, Michel Goya allume la politique de défense des gouvernements successifs qui nous plonge dans le gouffre de l'impuissance militaire...

    Masse sous critiques

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  • Néo fachos et gauchos réacs...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un texte offensif de Jean-Paul Brighelli, qui sur son site de Bonnet d'âne, intervient dans la polémique sur la gauche réac...

    Professeur en classes préparatoires, défenseur de l'élitisme républicain, Jean-Paul Brighelli est l'auteur, notamment, de nombreux essais sur le système éducatif, comme La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) et dernièrement Tableau noir (Hugo et Cie, 2014). Il est également l'auteur de La société pornographique (Bourin, 2012).

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    Néo fachos et gauchos réacs

    « Michel Onfray, fils naturel de Jean-Paul Brighelli et de Farida Belghoul ? » se demande Sandrine Chesnel dans l’Express
    Primo, démentons : Onfray a ses propres parents, qui lui suffisent — et justement, tout est parti de là, depuis trois semaines que l’auteur du Traité d’athéologie est vilipendé par la gauche bien-pensante (pléonasme !).
    Il n’est pas le seul : Véronique Soulé, dans Libé, dresse une première liste de proscription : « Qu’y a-t-il de commun entre Alain Bentolila (linguiste), Jean-Paul Brighelli (professeur) et Michel Onfray (philosophe) ? Réponse: ils trouvent que l’école française n’est plus ce qu’elle était, qu’au lieu d’apprendre à lire et à écrire, elle enseigne des choses ridicules aux élèves – du genre «théorie du genre» – et que tout ça est dû à Mai 1968. Pour ceux qui n’ont déjà pas le moral, mieux vaut s’abstenir. Pour ceux qui chercheraient un débat d’idées, idem. » Mais déjà le 20 septembre [2012] Renaud Dély, dans l’Obs, dressait la liste des « Nouveaux fachos » et de leurs amis : Elisabeth Lévy, Alain Finkielkraut, Eric Zemmour et Richard Millet, mis en contiguïté intellectuelle de Patrick Buisson et de Robert Ménard, sans oublier Marc-Edouard Nabe, Alain Soral et Renaud Camus — « une amicale brune », dit finement le journaliste, qui m’a rappelé ces temps déjà lointain où l’ineffable Frakowiack me reprochait de « penser brun ». Et le 3 octobre, dans le Figaro, Alexandre Devecchio en proposait une autre : « Onfray, Guilluy, Michéa : la gauche réac ? demandait-il. Comment ? ET Natacha Polony ? Laurence de Cock, qui gère Aggiornamento, le site d’Histoire-Géographie où se con/gratule la bien-pensance, a bien voulu la mettre dans le même sac que moi. Qu’elle en soit remerciée, j’en rêvais, effectivement.
    De l’ouvrage de Bentolila, j’ai déjà tout dit sur le Point.fr — et de l’excellent petit livre de géographie pratique de Guilluy, aussi. Sur Finkielkraut, j’avais exprimé ici-même tout ce que m’inspirait la campagne répugnante des belles âmes au moment de son élection à l’Académie française.
    Et pour ce qui est d’Onfray, tout est parti d’un tweet ravageur et d’une interview non moins enlevée sur France Inter à propos de son dernier livre où il feint de s’apercevoir que le Divin marquis malmenait les demoiselles (et s’en faisait malmener : voir son escapade à Marseille en juin 1772). Qu’a-t-il dit de si choquant ce jour-là ? « On apprenait à lire, à écrire, à compter et à penser, dans l’école républicaine. Ce n’est plus le cas. Le gamin d’aujourd’hui qui est fils d’ouvrier agricole et de femme de ménage, il ne s’en sortira pas avec l’école telle qu’elle fonctionne, parce que c’est une école qui a décidé qu’il était réactionnaire d’apprendre à lire, à écrire, à compter, etc. »
    Et cela a suffi à en faire mon fils naturel (j’ai commencé tôt, visiblement, Onfray n’a jamais que six ans de moins que moi). Pourtant, comme le dit avec un soupçon de franchise Véronique Soulé à la fin de son article, « il n’a pas vraiment tort » d’affirmer que « les enfants de pauvres font les frais de l’effondrement du système d’instruction et d’éducation français. Pour les autres, les parents se substituent à l’école défaillante ».

    Je suis très honoré d’être associé parfois à de grands noms de la pensée contemporaine par les tenants de l’orthodoxie hollandiste (ça existe donc) qui à force d’exclure à droite et à gauche vont se retrouver très seuls. Il fut un temps où, de Zola à Sartre en passant par Bernanos ou Camus, une certaine idée de la contestation pouvait être revendiquée par la Gauche. Mais la Gauche de Jaurès et de Blum, le Parti communiste d’Aragon, ont-ils encore quelque chose à voir avec les néo-libéraux qui s’agitent à l’Elysée, à Libé, au Monde et au Nouvel Obs ? L’idée que Jean Zay se faisait de l’Ecole a-t-elle quelque chose à voir avec celle de Philippe Meirieu ou de Najat Vallaud-Belkacem ?
    Il faut le dire et le redire : les socialistes de salon, de hasard et de bazar, les bobos du Marais et d’ailleurs, les pédagos du SGEN, du SE-UNSA et d’EELV, les antiracistes de profession, qui refusent de voir que la stratégie de Terra Nova en 2012 pour récupérer le vote des enfants d’immigrés impliquait le déni de ce qui se passe effectivement à Marseille ou à Saint-Denis, tous sont les fourriers du FN, les idiots utiles de Marine Le Pen. Parce que c’est prioritairement le peuple qui souffre qui pâtit de leur bonne conscience. Les enfants les plus démunis, comme le dit bien Onfray (« On apprenait à lire, à écrire, à compter et à penser, dans l’école républicaine. Ce n’est plus le cas. Le gamin d’aujourd’hui qui est fils d’ouvrier agricole et de femme de ménage, il ne s’en sortira pas avec l’école telle qu’elle fonctionne, parce que c’est une école qui a décidé qu’il était réactionnaire d’apprendre à lire, à écrire, à compter, etc. ») n’ont plus d’autre espoir que de confirmer les prédictions de Bourdieu : il est venu enfin, le temps des héritiers ! Grâce aux sociologues de gauche (autre pléonasme) qui n’ont eu de cesse, en dénonçant le sort fait aux plus pauvres, d’inventer des dispositifs qui enfermaient dans des ghettos scolaires les victimes des ghettos sociaux. Vous leur laissez l’espoir de s’inscrire en ZEP, pendant que vos propres enfants s’épanouissent à Henri-IV ? Eh bien, ils vont se venger et vous le faire savoir — dans la rue peut-être, dans les urnes certainement. Sur les 35% de ceux qui votent et qui voteront pour Marine, et qui constitueront 52% du second tour en 2017, combien le font et le feront par désespoir de voir leurs enfants confinés dans des réserves, au sens indien du terme ? Oui, Meirieu et ses amis — et il lui en reste, la démence pédagogique étant fort bien partagée dans l’Education nationale — sont directement responsables du glissement à l’extrême-droite de tous ceux — des millions — qui ont cru à l’ascenseur social et n’ont même plus d’escalier.
    Alors, persistez à vilipender les uns, parce qu’ils seraient néo-fachos, et à vous moquer des autres, parce qu’ils seraient gaucho-réacs. Quand vous ferez le tri, vous verrez qu’il ne reste personne, rien que vous et vos amis — les misérables 12% qui ont encore un intérêt à voter pour Hollande en 2017, et qui n’auront plus que leurs yeux pour pleurer, après le second tour — juste avant que l’on vous demande des comptes. Vous récusez l’intelligence, et vous avez raison : vu ce que vous êtes, elle est la suprême insulte.

    Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 4 octobre 2014)

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  • Ecosse, Catalogne, Corse, Pays basque : même combat ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur son blog Bonnet d'âne et consacré à la poussée des régionalismes identitaires. Une analyse intéressante (et étonnante de la part de son auteur) sur un sujet profondément ambivalent...

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    Ecosse, Catalogne, Corse, Pays basque : même combat !

    Les Ecossais ont donc majoritairement voté No au référendum sur l’indépendance : le contraire aurait été surprenant, vu le matraquage opéré non seulement par les Anglais, soudain inquiets de perdre le contrôle de la poule aux œufs d’or, mais globalement par le monde entier, soucieux de ne pas encourager un si vilain exemple. Pour l’Europe, particulièrement, malgré le pseudo-exemple allemand, qui serait à la source des recompositions de régions voulues par François Hollande, le type qui n’a jamais fait de géographie, et qui semble croire que le Bordelais lorgne sur le Limousin, l’Auvergne sur Rhône-Alpes et la Corse — ben la Corse, on n’y touche pas, on sait trop bien ce qui arrive aux bâtiments publics quand on les contrarie. Et puis pour l’économie mondialisée, ces histoires de région, cela sonne un peu archaïque. Dans l’optique des Nouveaux Maîtres — Alibaba et Goldmann-Sachs réunis —, la planisphère s’article autour de la Chine industrielle (production) en une très vaste périphérie regroupant le reste du monde (consommateurs). Bref, l’Empire du Milieu mérite à nouveau son nom.
    « À titre personnel, oui, je suis heureuse, parce qu’on n’aime jamais voir les nations qui constituent l’Europe se déliter… », a dit Najat Vallaud-Belkacem sur les ondes de France-Info, en ouverture de son interview du 19 septembre. Ma foi, elle a presque touché du doigt l’essentiel de cette élection ratée — mais une occasion manquée ne peut manquer d’amener une nouvelle occasion plus réussie — en Catalogne par exemple. L’essentiel, c’est que les Etats sont morts, dans le Grand Projet Mondialisé. Le pur jacobin que je suis s’en émeut, mais il constate : « l’Etat, c’est moi », disait Louis XIV — et l’Etat, désormais, c’est Hollande. On mesure la déperdition de sens. Le soleil s’est couché.

    Dans un livre qui vient de paraître (la France périphérique — Comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion), le géographe Christophe Guilluy montre fort bien que la France est désormais une galaxie de malaises additionnés tournant autour des « villes mondialisées » que sont Paris et deux ou trois autres centres urbains. Ce qui, explique-t-il, entraîne des réactions, frictions, émeutes et vote FN dans des endroits fort éloignés des bastions historiques du lepénisme. Les cartes de la désindustrialisation et de la montée des extrêmes se superposent exactement. Et après les Bonnets rouges, précise-t-il, on peut s’attendre à d’autres jacqueries — au moment même où je lisais son analyse, les Bretons incendiaient le Centre des impôts de Morlaix. Et la Bretagne, pour tant, est fort éloignée de Hénin-Beaumont ou de Vitrolles. Mais voilà : ce sont désormais les périphéries qui flambent.
    Eh bien, je vois la tentation indépendantiste de l’Ecosse, de la Catalogne ou du Pays basque comme des réactions périphériques au viol permanent opéré par la mondialisation. Ce ne sont pas des réactions contre les Etats — il n’y a plus d’Etat —, mais contre les abolisseurs de frontières, les importateurs de saloperies à deux balles, les financiers transnationaux, contre ceux qui trouvent que le McDo est meilleur que le haggis ou le figatelli, contre les appétits qui pompent du pétrole pour assouvir la City, ou qui exploitent Barcelone pour faire vivre Madrid.
    En fait, soutenir les régions, aujourd’hui, a un sens exactement à l’opposé de ce qu’il a pu avoir en 1940-1944 — il faut être bête comme Askolovitch pour croire qu’exalter le vrai camembert normand est une manœuvre pétainiste. Soutenir les régions, c’est combattre l’uniformisation voulue par les oligarques du gouvernement mondial, et, plus près de nous, les valets de l’ultra-libéralisme qui ont fait de l’Europe le champ de manœuvres de leurs intérêts — les leurs, pas les nôtres.

    Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 22 septembre 2014)

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  • Les snipers de la semaine... (89)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Causeur, Jean-Paul Brighelli flingue la caste politique déconnectée des réalités françaises...

    Énarchie et dépendances

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    - sur RussEurope, Jacques Sapir flingue froidement Sarkozy, le revenant qui n'a jamais quitté la scène médiatique

    Sarkozy 2.0 ?

     

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